« J’ai été repéré à 29 ans et ça a changé ma vie »
Du 9 au 15 octobre, la salle Jean-Noyant du Motor-Pool accueillait le champion australien de para tennis de table, Trevor Hirth. Formateur référent océanien dans cette discipline, il est aussi membre de l’équipe d’Australie. Né avec un handicap physique, Il doit son palmarès à la pratique du tennis de table dès l’enfance et souhaite encourager les Calédoniens à suivre ses traces.
Quel est le but de votre visite en Nouvelle-Calédonie ?
Tevor Hirth : Le principal objectif de ce déplacement est d’encourager un maximum de personnes en situation de handicap à pratiquer ce sport. Pour cela, des groupes de tous niveaux ont été conviés à participer aux journées découvertes organisées à Nouméa. Nous souhaitons aussi recruter des encadrants pour la pratique du para tennis de table en tant que loisir ou pour la préparation aux grands tournois comme les Oceania ou les Jeux du Pacifique et pourquoi pas un jour, les championnats du monde.
Ce stage s’adressait-il uniquement à des joueurs débutants ?
Certains joueurs expérimentés, qui jouent déjà dans le cadre du handisport, se sont présentés. Le premier jour, nous avons eu 5 nouveaux joueurs. Nous espérons intéresser les athlètes en fauteuil qui pratiquent d’autres disciplines, comme l’athlétisme.
Que pensez-vous du niveau des joueurs expérimentés ?
Il est assez bon. Je les avais vus jouer il y a 6 ans, lorsque je suis venu ici la première fois, et leur niveau a vraiment beaucoup évolué ! C’est très encourageant. Il reste encore du chemin à parcourir mais les choses avancent, avec l’aide de Jérémy Dey qui dirige cette opération au sein de la ligue calédonienne de tennis de table.
Quelles est votre mission en tant que formateur référent pour l’Océanie ?
Cela fait 10 ans que je forme des joueurs et des encadrants en Océanie. Depuis 2016, j’ai pour mission principale de mettre en place le para tennis de table aux îles Tonga et Fidji. Dans les îles du Pacifique, le handicap est souvent perçu comme quelque chose de honteux, que les familles préfèrent cacher. J’ai vu les personnes en situation de handicap gagner en confiance grâce à ce sport. Cela a changé non seulement leur vie mais aussi celle de leur communauté. Ils sont devenus encadrants, c’est un grand pas en avant pour ces athlètes.
Comment est représenté le handicap dans ce sport ?
Le tennis de table figure parmi les sports les plus inclusifs. Au sein des Jeux Paralympiques, il est le 3e sport le plus représenté après l’athlétisme et la natation. Il existe ainsi 11 catégories dans le para tennis de table : de la catégorie 1 à 5, ce sont les athlètes en fauteuil, ceux qui jouent debout sont classés 6 à 10 et la classe 11 regroupe les handicaps intellectuels. Ayant une faiblesse musculaire et articulaire, je suis classé 6, ce qui représente le handicap le plus sévère pour les athlètes qui jouent debout.
Qu’est-ce qui vous a poussé à pratiquer le para tennis de table ?
J’ai grandi à Melbourne en jouant sur la table fabriquée par mon grand-père, puis en tant qu’amateur, dans des petits clubs ou pour représenter mon école. C’est seulement à 29 ans que j’ai été repéré et, à partir de là, ma vie a changé ! On m’a proposé de participer aux Jeux Paralympiques et, en 2013, j’ai remporté le championnat d’Australie.
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière sportive ?
C’est sans doute mon tout premier tournoi avec l’équipe d’Australie, en Thaïlande. J’ai joué en finale contre le héros local, qui était médaillé d’or aux Paralympiques. J’étais filmé par trois télévisions et un général des armées était dans le public. Je n’ai pas gagné mais ce tournoi m’a marqué. Cela montre l’importance que peut avoir le para tennis de table au niveau mondial.
Propos recueillis par Marianne Page
Une première mondiale
Ce stage fait partie d’un programme de l’ITTF (Fédération internationale de tennis de table). « La Nouvelle-Calédonie est le premier pays au monde à avoir sollicité un stage handisport via ce programme. En général, les ligues le sollicitent pour la détection de jeunes ou des stages de perfectionnement », souligne Jérémy Dey, le président de la ligue calédonienne de tennis de table.
- Trevor Hirth a encadré un stage découverte.
- On commence par un échauffement.
- Faire rebondir la balle, un premier pas.
- Les conseils de Trevor portent leurs fruits.