Face à la baisse significative de fréquentation des patients, notamment en longue maladie, le Médipôle tire la sonnette d’alarme. A l’heure où aucun cas de coronavirus n’a été détecté depuis le 4 avril dernier, il est plus dangereux pour un patient de ne pas consulter, au risque d’aggraver sa maladie, plutôt que de retrouver le chemin de l’hôpital où tout est prévu pour assurer sa sécurité.
Que ce soit pour soigner un diabète, une hypertension ou toute autre maladie pour laquelle on est soigné au long cours, mais aussi pour se rendre aux urgences et pour se faire dépister, il ne faut surtout pas attendre ! C’est le message que tentent de faire passer les soignants du Médipôle représentés par le Dr Thierry De Greslan, président de la Commission médicale de l’établissement. Affecté à la filière Covid du CHT, celui-ci a suivi de près les 18 malades atteints de Covid-19 accueillis au Médipôle dans un service de soins dédié. « Tout le parcours de ces patients est séparé de celui des autres patients. On a isolé un étage de l’hôpital avec une unité de réanimation et un scanner réservé aux patients Covid. L’objectif est de sécuriser au maximum l’entrée des patients pour éviter toute contamination avec les patients potentiellement atteints de Covid-19, avec l’idée que le virus puisse encore circuler parmi la population », explique-t-il.
Moitié moins de patients
Cette distinction implique un tri sélectif dès l’entrée du CHT, aussi bien pour le personnel que pour les patients ou les ambulanciers. Les patients qui arrivent pour suspicion de Covid-19 sont orientés vers des tentes installées à l’extérieur de l’hôpital. Malgré ce dispositif sécurisé, les Calédoniens sont encore nombreux à éviter toute consultation par crainte de la contagion. « Nous avons perdu entre 40 et 50 % des patients des Urgences et le tiers des patients, tous services confondus. C’est valable dans tous les services hospitaliers du pays. En réanimation, les patients que nous voyons sont tous dans un état grave. À un moment, il y aura un retour de boomerang. On ne va pas avoir de morts du Coronavirus mais des décès faute d’avoir consulté à temps », souligne le Dr Benoît Marot, anesthésiste-réanimateur au Médipôle et responsable du service dédié au Coronavirus.
Armé en cas de nécessité
Ce dispositif restera en place un mois après le départ du dernier patient, puisqu’il ne reste actuellement qu’un seul malade du Coronavirus hospitalisé au CHT. « C’est un tri qui fonctionne étant donné qu’aucun malade ne nous a échappé jusqu’à présent. On a tout fait pour être sûr qu’il n’y aurait pas de contagion possible en gardant les malades confinés dans le service de Médecine interne du CHT. On a mis en place près de 100 procédures Covid, du jamais vu dans l’hôpital ! C’est un travail énorme qui a été fourni ! Le service Covid est armé en cas de nécessité. Par sécurité, on va maintenir la tente de tri à l’entrée des Urgences et au service Pédiatrie. On est capable de revenir très vite en arrière, on peut remonter en puissance en 24 à 48 heures », estime le Dr De Greslan. Dans les deux semaines à venir, les médecins adapteront les temps de consultation, avec des téléconsultations, en particulier pour les patients les plus fragiles, et le respect des mesures barrières au sein du Médipôle. Les malades doivent à présent réaliser qu’ils n’ont rien à craindre en se rendant au CHT ou dans leur lieu de consultation habituel.
- Un tri des patients s’effectue dès l’entrée du Médipôle.
- La salle d’attente des urgences est désertée par les patients.
- Le tri s’effectue également en Pédiatrie.
- Le Dr Thierry De Greslan.