Comme les autres écoles de la province Sud, l’ISA (Institut Spécialisé Autisme) a fait sa rentrée post-confinement ce mercredi. Si les effectifs étaient là aussi réduits, cet établissement médico-social n’a pas divisé les élèves par ordre alphabétique mais selon des priorités sociales ou sanitaires, en accord avec les parents. Retour sur un confinement et une rentrée à part.
Ils étaient une vingtaine d’élèves, soit près de la moitié des effectifs habituels, à reprendre le chemin de l’ISA ce mercredi matin. Installé à Robinson depuis 2014, cet établissement médico-social prend en charge des enfants et de jeunes adultes souffrant d’autisme ou de troubles envahissants du développement (TED). De l’acquisition simple de l’autonomie quotidienne aux pré-requis scolaires, les équipes pédagogiques encadrent les élèves au sein de l’ETEPS (Etablissement Thérapeutique Educatif et Pédagogique Spécialisé). Comme les autres établissements scolaires du territoire, l’ISA a dû fermer ses portes au public dès l’annonce du confinement. Le 20 mars dernier, les élèves de l’ETEPS comme les pensionnaires du SESSAD (Service d’Education et de Soins Spécialisés à Domicile) et du LST (Lieu de Séjour Temporaire) ont donc été replacés dans leur environnement familial, ce qui n’a pas été sans difficulté pour ces enfants et jeunes adultes qui nécessitent une attention soutenue.
De nouvelles méthodes de travail
« D’une manière générale, le confinement s’est bien passé, mais pour une minorité, c’était plus compliqué », tempère Virginie Dubourg. La directrice de l’établissement a fait le choix de laisser son établissement ouvert aux salariés tout en mettant en place le télétravail. Pour développer ces nouveaux outils, l’ISA s’est rapprochée d’un établissement partenaire du Lot-et-Garonne. « Une équipe pluridisciplinaire a assuré, à tour de rôle, une permanence durant le confinement pour construire du matériel éducatif adapté à chacun des enfants. On a créé des groupes de travail avec une plate-forme d’échange pour les projets personnalisés, les réunions de coordination et les relations avec les parents. Cela nous a même permis d’évaluer des profils sensoriels à distance. A peu près 60 % des familles étaient connectées sur Skype, d’autres sur WhatsApp ou Messenger. Cela nous a permis de découvrir de nouvelles méthodes de travail en visioconférence que l’on va pouvoir conserver après le confinement, en particulier avec les jeunes adultes du SESSAD », confie-t-elle.
Une besoin de soutien et de sorties
Tous les mercredis, chaque professionnel livrait un compte-rendu à la direction de l’ISA sur l’enfant, l’adolescent ou l’adulte pris en charge à distance. Puis, chaque vendredi, un point était effectué par la direction avec le SAOMS (Service d’accompagnement médico-social). « Rapidement, on s’est rendu compte que les familles avaient besoin de soutien. On a fait des demandes d’urgence à la DASS pour bénéficier d’auxiliaires de vie à domicile et de permissions de sorties adaptées. Certains parents ont fait le choix de ne pas faire appel à ces aides mais on restait en lien chaque semaine. Il faut savoir que les autistes ont besoin d’aller dans des lieux qu’ils connaissent, qui ne soient pas anxiogènes et parfois plusieurs fois dans la journée. On a donc fait une attestation maison que les familles devaient joindre à l’attestation de sortie. Des familles nous ont alertés car les jeunes ne sortaient plus du tout. On a attendu de pouvoir équiper les professionnels avec des masques pour qu’ils puissent les sortir. On a aussi pris des jeunes avec nous pour soulager certaines familles », témoigne la directrice.
Une rentrée sur mesure
A la rentrée, certains parents ont fait le choix de maintenir leur enfant à domicile, avec la présence d’éducateurs, comme pendant le confinement. « On a priorisé : ceux pour qui c’était plus difficile de rester à domicile sont revenus à l’ISA, les autres sont restés dans leur famille. Ce sera encore le cas la semaine prochaine. Jusqu’au 4 mai, les parents seront libres de récupérer leur enfant ou de le remettre à l’école, s’ils changent d’avis », souligne la responsable.
Dès leur retour dans les locaux, les enfants comme les jeunes adultes n’ont pas caché leur joie de retrouver ce lieu familier, certains sautillant sur place, d’autres prenant d’assaut les balançoires de la cour de récréation. Pour le personnel, le port du masque, de gants et l’usage de gel hydroalcoolique est devenu un préalable à chaque atelier en groupe réduit où la distanciation se fait sans sourciller. Les parents peuvent être rassurés.
Témoignages de parents
Maéva, maman de Vaéa, 17 ans :
« J’ai anticipé en me confinant dès le 19 mars dernier avec mes deux filles et je les ai avec moi depuis tout ce temps. J’avais refusé l’aide des deux auxiliaires de vie pour éviter tout contact. J’ai pris du congé pour enfant malade et ensuite, on m’a mise en télétravail. Notre DRH a été compréhensive et je peux garder ma fille jusqu’à la semaine prochaine. Par moments, ça se passe très bien et à d’autres, je peux compter sur l’aide de mon autre fille qui est valide. C’est très physique de s’occuper d’un enfant en situation de handicap, même si l’Institut est très présent. Pour Vaéa, le plus difficile est l’éloignement de ses grands-parents. Une éducatrice de l’ISA lui a fait parvenir ses morceaux de musique préférée. Elle a beaucoup apprécié… »
Lise, maman de James, 15 ans :
« James aime bien être à la maison mais son lieu de séjour temporaire lui a manqué. C’était difficile de lui expliquer quand il pourrait y retourner. Comme j’étais en activité à l’extérieur, des auxiliaires de vie sont venues à la maison. J’ai pu avoir un emploi du temps adapté et James pouvait sortir avec moi. Il a beaucoup réclamé la famille surtout. Ils sont venus dès lundi faire un goûter avec lui. Ce matin, un transport l’a accompagné à l’ISA, il était réveillé très tôt, il avait hâte d’y retourner ! Cela fait trois dimanches qu’il mettait sa chemise en pensant retrouver ses copains ! »
- Le respect des gestes barrières est de mise.
- Des transporteurs privés ont déposé les jeunes à l’ISA.
- L’équipe pédagogique faisait elle aussi sa rentrée.
- Les enfants ont vite retrouvé leurs marques.