Ange Margaron, repart ces prochains jours pour participer à la saison handi’voile. Il participera au championnat d’Europe para voile en Autriche en mai, au championnat de France handi’valide en juin puis au championnat du monde para’voile en juillet en Espagne.
Retour sur le parcours d’un passionné qui garde le cap coûte que coûte.
Ange, 20 ans, est né sur un bateau et a fait ses premiers pas, certes chancelants, sur les pontons de la marina.
« J’ai commencé à faire de la voile à 4 ans au centre des activités nautiques de la province Sud (CAN).». Si l’inscription n’a pas été simple concède sa maman, elle a été facilitée par Nico, le moniteur de voile qui connaissait Ange pour le fréquenter sur les pontons.
« J’ai passé toutes mes vacances au CAN mais pour trouver des bateaux plus adaptés il fallait que je change de club. En 2009, je suis allé au cata CLUB. Sergio à l’époque avait une section Handi’voile avec un gros catamaran. Il m’avait vu navigué et m’a proposé de faire un test ». Ce test est concluant puisque Ange débute tout de suite par la régate sans passer par les cours traditionnels.
« Après sur le plan d’eau j’avais repéré les optimists et ma mère est allée à la SRC (société des régates calédoniennes). Ils m’ont proposé de faire un test ; » Test également réussi, Ange continue son apprentissage de la voile sur ce petit bateau qui ressemble à une caisse à savon pour les novices mais qui est reconnu pour être le bateau d’apprentissage de la voile par excellence.
« J’avais 12 ans, j’étais le plus vieux des débutants ». Ange passe ses mercredis à la SRC et participe aux régates les Samedis. Mais voilà, les performances du bateau restent limitées et Ange à la régate dans le sang. « J’en avais marre des vieilles voiles d’entrainement alors on a commencé à bricoler une voile avec mon père». Et puis il y a eu une rencontre. Pierrot, le moniteur de la SRC, qui le poussera à acheter une voile de compétition. « Avec Pierrot on a commencé aussi à adapter le bateau à mon handicap. Jusqu’à présent j’utilisais mes dents pour coincer l’écoute ».
Si Ange est passionné et accro à la voile, il grandit et l’optimist reste un petit bateau. « On est parti une année en famille faire le tour des îles de Polynésie. Quand je suis revenu, j’avais 16 ans et j’étais trop grand pour faire de l’optimist ; Cela devenait trop dangereux ». Sur le caillou, les possibilités de continuer à faire de la voile sportive se réduisent. Les dirigeants du club sont frileux à laisser Ange faire du bateau sur des supports plus rapides et légers. Il est né sur un bateau, skippe le bateau famlial, fait de la voile depuis sa plus tendre enfance, mais le laisser naviguer en club est considéré comme une prise de risque trop importante.
« A ce moment-là, maman m’a dit qu’il fallait aller en métropole faire les championnats de France. J’étais un peu réticent, mais en Calédonie il n’y avait pas d’avenir pour le Handi. Alors j’ai accepté ». Contact est pris naturellement. Handi’voile France reçoit cette demande avec enthousiasme, surpris de savoir qu’un calédonien naviguait. En 2015, soutenu financièrement par la ligne de voile et la ligue Handi’sport, Ange part 3 semaines en Bretagne pour des entrainements et faire les championnats de France.
« Rentrer dans les Handi’voile s’est une reconnaissance. Jusque-là, je ne me rendais pas compte qu’il y avait des ouvertures pour la voile handi. Avec les valides, je vivais ça comme une bataille. Avec les Handis c’est plus naturel, y’a une vraie entraide. J’ai rencontré un autre monde. »
Ange s’entraine tous les jours, rencontre les athlètes du groupe qui partagent la même passion et participe pour la première fois au championnat de France. « Il y avait 78 bateaux sur la ligne. C’était impressionnant. C’est un truc que je n’avais jamais vécu. Je me suis éclaté ».
Il finit 21ème de ce championnat. Il est ensuite appelé par la ligue handi’voile qui lui propose de faire un stage de sélection. « Celui-là je l’ai complètement loupé »
Retour en Calédonie. Ange a un autre défi qui l’attend… passer le bac. Il le décroche avec mention.
Après, il est rappelé en équipe de France pour participer au championnat d’Europe sur Bordeaux. Puis l’année suivante, il ira au championnat du monde. « C’est à ce moment-là que le référent me propose aussi de participer aux jeux paralympiques de la jeunesse à Gènes en Italie ».
Au-delà de la bataille sur l’eau ces projets nécessitent des financements particuliers. Et c’est également un autre combat parallèle. « La ligue Handisport m’aide financièrement, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie également et il y a des mécènes et clubs de service qui me soutiennent. Mais c’est difficile »
Parallèlement, à la préparation des compétitions, il décide de s’inscrire au BPJEPS voile (diplôme d’animateur sportif) à l’Institut national du nautisme de Concarneau. « Ils étaient prêt à me prendre, j’avais réussi les tests. Mais c’était une formation en alternance et je n’ai pas trouvé de maitre d’apprentissage alors c’est tombé à l’eau ».
Ange persévère et s’inscrit dans une école sur Montpellier pour la même formation. « Cette fois j’avais trouvé le maitre d’apprentissage, mais ils n’ont pas voulu me prendre sous prétexte que je ne pourrais pas trouver de travail après. Là c’est un vrai coup dur car j’avais tout trouvé ; le logement, le maitre d’apprentissage…tout était organisé ».
Ange n’abandonne pas ce projet de formation car le nautisme est une passion. Il a montré à travers les différentes compétitions et résultats sa valeur de marin. Le moins que l’on puisse dire est que le chemin parcouru et les batailles gagnées lui ont construit une force de caractère et une détermination qui sont autant de compétences à mettre en valeur.
Ange du haut de ses 20 ans, a encore pleins de projets. Il débutera en juillet prochain une formation « de matelot pont » en Nouvelle-Calédonie.
Nous lui souhaitons bon vent pour ces prochains championnats et surtout une réussite à la hauteur de toute l’énergie qu’il a pu déployer pour y arriver.
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