Jeudi 18 avril. La pose de la première pierre de l’EHPAD, Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, a été posée à Tina. Tout un symbole pour ce projet innovant, aussi bien par son portage que par son mode de fonctionnement. Avec en ligne de mire, un objectif : bien vieillir ensemble. Ouverture prévue fin 2021.
« L’idée de cet EHPAD a débuté en 2010, rappelle Dominique Simonet, président du Conseil d’administration de la SEM Agglo. Il a fallu les bonnes volontés de tous : la mairie, le gouvernement, la Mutuelle du Bien Vieillir, la Province Sud, le constructeur CALBAT et enfin les équipes de la SEM Agglo.» Pourquoi un EHPAD ? « Il y a un réel besoin, explique Benoit Naturel, le directeur de la SEM Agglo. Aujourd’hui, un calédonien sur 8 a plus de 60 ans. En 2030, un calédonien sur 5 aura plus de 60 ans et il est prévu un triplement des plus de 80 ans d’ici 2020, selon les chiffres de l’Isee. La Nouvelle-Calédonie suit en cela les évolutions des sociétés occidentales, ce qui conduit localement à de profondes mutations des représentations du bien vieillir ».
Face à ce constat, les objectifs des politiques publiques sont multiples : d’une part, prévenir la dépendance et organiser une prise en charge de qualité pour toutes les personnes de plus de 60 ans, notamment en favorisant le maintien à domicile des publics concernés. Et d’autre part, organiser une filière d’hébergement dans des établissements spécialisés.
Soixante-dix lits
Un EHPAD est avant tout un établissement médico-social, destiné à des personnes non autonomes qui y reçoivent des soins quotidiens avec des équipes médicales présentes sur place. Situé à Tina, l’établissement proposera, à terme, 70 lits dont : 14 lits pour personnes handicapées vieillissantes, 14 lits pour accueillir les malades d’Alzheimer – ou apparentés – dans un espace protégé et 42 lits d’accueil pour personnes âgées dépendantes. Un pôle de soin (cabinet médicaux, pharmacie, kiné, balnéo, snozelen…), un pôle de services (restauration, salon de réception, de coiffure, d’esthéticienne, laverie…) ainsi qu’un pôle administratif complètent la structure. Parmi ces 70 lits, la SEM Agglo et son partenaire MBV (Mutuelle du Bien Vieillir) s’obligent à accueillir un minimum de 30% de résidents « sociaux ».
D’un point de vue financier, cette opération représente un investissement de 1.5 milliards de francs et le tarif moyen d’hébergement sera de 9.600F par jour (soit 298.000F par mois). Ce projet est aujourd’hui le seul à être porté par une structure publique / para-publique en Nouvelle-Calédonie. La SAS EHPAD de Tina, dont l’actionnaire majoritaire est la SEM Agglo, sera propriétaire des murs et fixera les loyers dus par l’exploitant à travers une convention de location de 15 ans renouvelable. La Mairie de Nouméa et la SEM Agglo (à travers la SAS) siègeront au Conseil d’administration et pourront suivre l’évolution de la structure de façon à ce que les résidents ne voient pas les prix augmenter sans contrôle.
VITAE CLEMENTIA®
Dès le départ, cet établissement a été voulu par les collectivités pour servir d’expérimentation pour le futur, en termes de qualité de prestations et de gestion de l’humain. Il permettra par ailleurs d’accueillir une population qui ne trouve pas de place dans les EHPAD privés. « La philosophie de MBV – le concept VITAE CLEMENTIA® – est de pouvoir accompagner les personnes âgées, de leur offrir une vie clémente malgré leur dépendance, dans le respect de leur mode de vie, explique Viviane Chabbert, directrice générale de MBV. C’est l’organisation qui doit être au service de la personne. Et non l’inverse. On adapte le fonctionnement de l’EHPAD en prenant en compte chaque spécificité ».
Un exemple ? « On n’impose pas la même heure de lever à tout le monde, pas la même heure de petit déjeuner, des repas. » Une autre priorité est le bien-être des résidents. « Nous proposons beaucoup d’activités axées sur la prévention pour retarder au maximum la dépendance, pour apporter du bien-être. Bien vieillir, c’est déjà bien vieillir dans sa tête. C’est garder des liens avec sa famille, avec la société. Il faut faire venir la vie de la cité dans la structure et permettre aux personnes âgées de se déplacer. »
Autre aspect important : les aidants. « Nous accompagnons aussi les familles et les aidants, toujours au bénéfice final des résidents. » MBV a créé l’ACBV, l’Association calédonienne du bien vieillir, qui sera chargée de gérer l’EHPAD et ses services. « Nous espérons également participer à des réflexions sur la gérontologie en Nouvelle-Calédonie, en Province Nord notamment. L’EHPAD n’est pas, de mon point de vue, toujours la solution la mieux adaptée. Nous devons comprendre ce qui est bon pour les personnes, notamment en tribus, respecter cela, et être plus en appui pour accompagner les aidants, pour les former, et non pas se substituer à eux »