Le directeur de l’ACSMS a mis en place des mesures strictes pour protéger les personnes en situation de handicap contre le coronavirus.
L’Association de Coopération Sociale et Médico-sociale mène des actions sociales et médico-sociales auprès des publics fragiles, avec une spécialité handicap et inclusion et en partenariat avec de nombreux acteurs (Association des Parents et Enfants Inadaptés, Mouvement pour une Calédonie Inclusif, Centre Hospitalier Spécialisé). David Marcon, son directeur, revient sur la prise en charge de la crise sanitaire au sein des établissements gérés par l’association.
Comment s’est manifestée l’arrivée de la crise sanitaire au sein des structures placées sous votre responsabilité ?
J’ai été nommé directeur de l’ACSMS en août 2021, juste avant l’arrivée du variant Delta sur le territoire. Lors de la première grande vague de l’épidémie de coronavirus, l’année dernière, nous avons été submergés, avec un nombre de cas exponentiel qui a doublé du jour au lendemain. Nous avons donc tout de suite été mis en confinement strict, à l’ACSMS comme à l’APEI.
Ce sont deux associations sœurs qui accueillent des personnes en situation de handicap. La première assure l’hébergement à plein temps d’adultes. L’APEI propose l’accueil de jour d’enfants à partir de 6 ans et d’adolescents de 12 à 16 ans ainsi que des jeunes adultes accueillis à l’Essad et au CAT de Tina. Plus de 200 personnes sont suivies à l’APEI, en comptant les 70 travailleurs du CAT.
Quelles ont été les actions mises en place pour faire face à la crise ?
L’APEI étant fermée, les personnes en accueil de jour sont retournées dans leurs familles. Dans les établissements d’hébergement, nous avons suivi les consignes de la DASS en accueillant H24 des personnes dépendantes. Il fallait limiter les risques autant que possible avec des règles très strictes. Plus personne ne pouvait entrer à part le personnel d’urgence.
On a assuré la prise en charge avec toutes les mesures barrière. On a fait des choix pour protéger notre personnel et les personnes accueillies, quel que soit le prix à payer. On a suivi les recommandations en mettant en place une sorte de filtre préventif avec des tests hebdomadaires pour le personnel et les résidents. En plus des mesures de distanciation physique, on a exigé un schéma vaccinal complet pour les soignants et le personnel qui ont bénéficié de protections hospitalières avec des surblouses, des charlottes, des masques médicaux, etc.
Le port du masque a-t-il été difficile à mettre en place ?
Pour les personnes que nous accueillons, le port du masque est parfois compliqué voire impossible. Certains ne peuvent pas le porter et ont une dispense médicale. Pour respecter la distanciation, on avait posé des marquages au sol dans les classes et au réfectoire, avec une distance de 2 mètres entre chaque personne.
L’aération des locaux est un geste que l’on continue à faire. On a beaucoup travaillé avec les instances représentatives du personnel à l’APEI et on a été dans un processus d’accompagnement des équipes. Comme les règles ont évolué, c’était assez complexe.
Avez-vous eu des cas de Covid dans ces établissements ?
Grâce aux tests antigéniques et aux autotests pour les plus jeunes, des cas de Covid ont été détectés et immédiatement isolés, ce qui nous a évité d’avoir un cluster dans un de nos établissements. Dès qu’on détectait un cas, on l’orientait vers la famille ou le médecin traitant. On s’était dit qu’au bout de 2 ou 3 cas, on fermerait une classe selon l’âge des enfants mais cela ne s’est jamais produit.
Comment avez-vous pallié l’enseignement dispensé en accueil de jour ?
Pour l’APEI, on a assuré la continuité de la prise en charge à distance en mettant en place des mallettes pédagogiques, un peu comme dans les écoles, pour permettre aux plus grands de poursuivre le suivi socio-éducatif à domicile. On a travaillé sur ce projet avec le président de l’ACSMS, Didier Darbon.
Comme moi, il a une spécialisation en santé publique, ce qui nous a permis de mieux appréhender la crise sanitaire. Les mallettes ont été envoyées en un temps record à 64 usagers. Les équipes ont beaucoup travaillé, avec un dédoublement une semaine sur deux, pour pouvoir mettre en place cet accompagnement à distance.
Quel est le contenu de ces mallettes pédagogiques ?
Elles étaient surtout destinées aux plus jeunes, de 6 à 12 ans, habituellement accueillis à l’institut médico-éducatif. Leur contenu socioéducatif permet de réaliser des activités avec l’aide des parents. Un suivi téléphonique a également été réalisé par nos équipes, avec plus de 3 000 appels passés durant le dernier confinement de 2021.
Les auxiliaires de vie ont effectué 45 visites à domicile au plus fort de la crise sanitaire. L’idée était de maintenir un lien et cet objectif a été atteint. On s’est adapté au fur et à mesure, c’était une grande nouveauté pour tout le monde.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées par les familles lors du confinement ?
C’est difficile, pour les familles, de prendre en charge H24 et pendant 1 mois et demi, un enfant peu autonome avec un handicap lourd. En confinement strict, on a eu des demandes assez urgentes. Pour y répondre, on a mis en place un service d’accueil d’urgence et de répit. En priorisant les situations les plus urgentes et avec l’accord des autorités de tutelle, les familles qui avaient réellement besoin d’être soulagées ont pu bénéficier, 3 jours par semaine, d’un accueil sur site : 8 personnes ont été suivies en accueil d’urgence pendant les 2 dernières semaines de confinement strict.
Par la suite, quand on est passé en confinement adapté, on a pu reprendre les accueils de jour en demi-jauge tout en conservant la panoplie de gestes barrières. Les travailleurs du CAT ont été de nouveau accueillis dans les entreprises qui avaient fermé en confinement strict. Dès janvier 2022, les accueils de jour ont pu rouvrir en jauge pleine.
Propos recueillis par Marianne Page