Depuis plus de 20 ans, l’APS agit auprès des personnes sourdes de Nouvelle-Calédonie. Ses actions sont multiples tant auprès des enfants que des adultes. Portrait d’une association qui ne manque pas de projets.
L’association pour la surdité, présidée par Erika Nicols, existe depuis 1998. Ce sont des parents d’enfants sourds qui se sont regroupés pour la créer. À l’origine l’APS avait pour but d’organiser des rencontres et des rassemblements de famille pour du partage, de la discussion et de l’échange d’information. L’association a évolué au fil du temps et a pris une nouvelle ampleur au fur et à mesure que des professionnels spécialisés l’ont rejoint. D’abord des éducateurs spécialisés puis un formateur en Langue des Signes Française (LSF), enfin il y a dix ans, l’association a recruté les premières codeuses Langue Parlée Complétée (LPC), aujourd’hui cinq professionnels animent l’APS. Salariés de l’association, ils sont détachés dans les écoles, pour assurer la mission principale de l’association : accompagner les enfants sourds sur le plan scolaire. L’APS est dirigée par un conseil d’administration composé d’un bureau et de six membres, chacun tenant un rôle différent et particulier, et un peu plus 60 familles sont également membres.
« Évidemment, explique la coordinatrice Lauriane Lombard, nous ne faisons pas de bénéfice, mais nous fonctionnons presque comme une entreprise, c’est-à-dire que je manage une équipe de six salariés. Nous sommes financés exclusivement par les subventions que nous accordent le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud, la ville de Nouméa et quelques autres communes sur le territoire desquelles nous agissons. »
400 personnes sourdes en Nouvelle-Calédonie
La mission principale de l’APS est de contribuer au développement de la langue française chez les personnes sourdes, soit par le biais de la LSF, soit le français oral écrit. Tout dépend bien sûr du profil de surdité dont souffrent les personnes. L’association propose également aux familles une initiation au code LPC (Langue Parlée Complétée). Au dernier recensement, le CHD avait comptabilisé environ 400 personnes sourdes, dont 80 enfants.
« Les degrés de surdité sont multiples, précise Lauriane Lombard. Cela va de la surdité légère à la surdité profonde et toutes les surdités n’ont pas la même prise en charge. On compte un certain nombre de sourds profonds qui communiquent par LSF et auxquels les équipements et appareillages ne sont d’aucune aide. D’autres sourds bénéficient d’un implant leur permettant une récupération auditive optimisée. »
Tous les enfants concernés par la surdité sont scolarisés, mais l’APS regrette de n’en suivre et d’en accompagner qu’une vingtaine.
« L’école commence à s’adapter, estime la coordinatrice de l’association. Dans certaines écoles, il existe des dispositifs adaptés comme les CLIS en primaire, mais tous les enfants n’ont pas besoin de ces dispositifs. Certains enfants sourds sont en totale inclusion et n’ont même pas recours à notre accompagnement. »
Les enfants dont s’occupe l’association sont suivis à l’école tous les jours, selon le choix communicationnel des familles pour leurs enfants soit en LSF soit en LPC pour l’apprentissage du Français, ces derniers sont accompagnés par une codeuse LPC. Il faut préciser que le professionnel accompagnant ne reste pas avec l’enfant sur la totalité de l’emploi du temps scolaire, mais cible les matières les plus importantes, afin de permettre au jeune sourd de développer son autonomie.
« Pour ce qui est des adultes, ajoute Lauriane Lombard, nous offrons à la demande un panel de prestations. Cela peut-être d’accompagner la personne à des rendez-vous privés, comme chez le médecin par exemple, pour une aide à la communication, en particulier en Langue des Signes Française. On les aide également à la rédaction de CV, et on les oriente vers le Collectif Handicap qui propose des ateliers pour l’emploi. »
La principale difficulté dans la formation et/ou l’emploi, c’est la communication. Toutefois il existe un réseau d’entreprises relativement ouvertes à l’embauche de personnes sourdes.
« C’est pourquoi nous menons des actions de sensibilisation, souligne Lauriane Lombard, en donnant les bases de la communication avec les personnes sourdes. Par exemple de parler bien en face d’une personne sourde, car tous les sourds utilisent la lecture labiale, la lecture sur les lèvres. »
Ces dernières années, le suivi des personnes sourdes s’est amélioré par le fait que les uns et les autres ont bien conscience des besoins.
« Les institutions nous ont bien accompagnés dans le développement de ces nouveaux métiers que sont les codeuses LPC, les interfaces de communication LSF, souligne Lauriane. À cela s’ajoute le développement de la technologie. Ainsi, il existe un centre implanté au Médipôle, où les chirurgiens posent des implants aux personnes sourdes. »
- Séance de sensibilisation au sein de l’école les Pervenches.
- Christopher Gygès, membre du gouvernement, en visite dans une classe accueillant une enfant malentendante.
- Lauriane Lombard, coordinatrice de l’Association pour la surdité.
Association pour la surdité
Tél : 23 65 16 / 79 09 29
Email : [email protected]