Solenne Piret, sacrée championne du monde pour la 2ème année consécutive, et Philippe Ribière, précurseur de la grimpe handisport, sont actuellement sur le territoire dans le but d’accompagner le lancement de structures adaptées pour les Calédoniens.
Aujourd’hui, rares sont les personnes non-valides à pratiquer l’escalade sur les murs de Magenta et de Koutio. « On est là pour développer un secteur handi- escalade et créer une dynamique. Il s’agit de proposer une activité d’escalade à un public qui ne sait pas aujourd’hui qu’il peut la pratiquer », annonce Philippe Ribière, l’un des deux ambassadeurs de l’handi-escalade française, invités par la Ligue calédonienne d’escalade.
Rendre l’escalade accessible à tous
« Le président de la ligue m’a insufflé son projet de rendre l’escalade accessible à tous. Notre objectif est de faire en sorte que la Nouvelle-Calédonie devienne un exemple pour la Métropole », explique Bassa Mawem. L’entraîneur de l’équipe de Calédonie, par ailleurs champion du monde de vitesse, a toujours eu le projet de faire venir un public handisport sur les structures d’escalade. A ce titre, dès septembre, le mur de Magenta bénéficiera d’un secteur dédié à l’initiation pour un public non-valide.
« Par ailleurs, le mur sera adapté afin d’être rendu accessible en autonomie aux personnes porteuses d’un handicap », ajoute l’entraîneur. Un mur déversant a été choisi pour éviter les frottements. Il sera équipé avec davantage de prises et donnera la possibilité aux grimpeurs de s’alléger avec un contrepoids. De quoi favoriser l’accès aux personnes en fauteuil roulant. La première séance d’initiation aura lieu mercredi prochain. Puis un créneau sportif, dédié à la compétition, viendra s’ajouter à l’offre. La ligue handisport l’a déjà annoncé : elle intègrera l’escalade à ses activités. Seize personnes sont susceptibles d’être intéressées. De quoi faire du Caillou une référence en matière d’handi-escalade.
Deux ambassadeurs de haut niveau
En attendant la mise en place de cette structure dédiée, Philippe Ribière et Solenne Piret sont à pied d’œuvre pour parler de leur discipline. « On veut faire découvrir le paraclimbing et solliciter les politiques locaux pour financer des voies d’escalade adaptées », indique Solenne Piret. Isabelle Champmoreau et Jean-Pierre Djaïwé, respectivement membres du gouvernement en charge du handicap, et de la jeunesse et des sports, ont été sollicités à ce titre. Les deux athlètes ont également rencontré des acteurs institutionnels et des associations.
Une opération de communication pour montrer « que c’est possible de faire du sport et plus particulièrement de l’escalade, même avec un handicap », insiste Bassa Mawem.
Donner des ailes
Le parcours des deux champions en est la preuve vivante. Philippe Ribière a été précurseur de l’escalade handisport. Né avec le Syndrome de Rubinstein-Taby, il a été le premier handicapé à participer aux championnats de France d’escalade. Retiré de la compétition depuis quelques années, le quarantenaire voyage aujourd’hui à travers le monde pour animer des conférences et « montrer qu’un handicap n’est pas la fin du monde et que chaque corps peut repousser ses limites ». Comme le précise Bassa Mawem, « Philippe a fait en sorte que la discipline se développe en France et dans le monde. Solenne est le résultat de tout cela ».
La jeune fille de 27 ans, privée de son avant-bras droit depuis la naissance, vient de remporter pour la 2e année consécutive les championnats du monde d’escalade dans sa catégorie. Ses parents l’avaient initiée à la grimpe enfant, mais elle avait souhaité faire une pause au moment de l’adolescence. Architecte de métier, la jeune femme a souhaité remettre le pied à l’étrier, ou plutôt à la prise, il y a deux ans. « Ça a changé ma vie, témoigne-t-elle. J’ai tout réorganisé autour de l’escalade : mon travail, mes vacances…
Cela m’a permis d’être plus à l’aise avec mon corps. Avant, je ne l’appelais pas handicap. Désormais, je m’entraîne pour être en équipe de France handicapée, et j’en suis fière. Cela a été une vraie thérapie ».
Deux parcours hors du commun et un même épanouissement susceptibles de susciter des vocations chez les Calédoniens porteurs d’un handicap.