Depuis bientôt vingt ans, elle s’est mise au service du handicap dans la province des Îles où elle réside. Reine Hue n’a de cesse de faire évoluer la prise en charge des personnes en situation de handicap en les maintenant, autant que possible, dans leur lieu de vie familial et tribal. Portrait d’une femme engagée dans un combat humanitaire, pour l’amour des siens.
Née Reine Vendegou et originaire de la tribu de Gadji, dans le nord de l’île des Pins, Reine Hue s’installe à Lifou lors de son mariage coutumier. En plus de son métier d’institutrice, elle prend en charge à domicile son neveu en situation de handicap lourd, alors qu’il n’a que 2 ans. Comme d’autres parents des îles Loyauté, elle se heurte rapidement à des difficultés, en particulier pour présenter une demande d’aide ou pour inscrire son enfant à l’école.
« C’est ce qui m’a motivée, en 2002, à créer l’Apahl (Association des parents et amis des handicapés de Lifou) et ainsi porter la voix des autres parents d’enfants en situation de handicap jusqu’aux institutions. Les aides accordées aux personnes en situation de handicap étaient insuffisantes, il était nécessaire de les augmenter et les mensualiser. Cet objectif a été atteint », explique-t-elle.
Répondre aux besoins
En 2004, Reine prend les rênes de l’Apahl pour se consacrer pleinement au handicap.
« A cette époque, les parents s’organisaient comme ils pouvaient pour transporter les enfants, avec leur véhicule personnel pour ceux qui en avaient un. En 2009, nous nous sommes équipés d’un minibus pour faire le tour de l’île et identifier les besoins », se souvient-elle.
En janvier 2017, le « L » de Lifou deviendra le « L » de Loyautés, car le champ d’action de l’association s’était entendu à Maré, Ouvéa et Tiga. Veiller au bien-être des enfants et des jeunes en situation de handicap tout en les maintenant dans leur lieu de vie est le cheval de bataille de Reine Hue. Pour cela, il fallait, au préalable, recenser les besoins de cette population.
« Cela nous a permis de développer les moyens de l’Apahl, avec le Sessad et une centaine d’auxiliaires de vie salariés à temps partiel au service des personnes en situation de handicap. On a démontré notre capacité à faire évoluer ce dispositif sur Lifou avant de l’étendre aux autres îles Loyauté », précise-t-elle.
Prévenir les maladies
Depuis son élection à la province des Îles, en 2019 et pour 5 ans, Reine Hue est aujourd’hui présidente d’honneur de l’Apahl. Elle siège désormais à la Commission de la santé, des affaires sociales, du handicap et des problèmes de société. Dans le cadre du plan Do Kamo, elle œuvre, notamment, pour la prévention contre les maladies qui peuvent mener au handicap, comme le diabète.
« Comme j’avais déjà mis en place l’accompagnement de vie à l’Apahl, je voulais travailler à la mise en place d’un service infirmier à domicile (SIAD) sur les îles, souligne-t-elle. On a des ambulances et des prestataires privés pour les diriger vers le centre médical. Je voulais développer ce dispositif à Lifou et l’implanter à Maré et Ouvéa. Je suis pour le maintien à domicile des personnes en situation de handicap, avec une présence médicale dans leur lieu de vie ».
Soulager les parents
Réclamé depuis plusieurs années, le centre d’accueil de jour pour personnes en situation de handicap, basé à Lifou, n’a toujours pas vu le jour mais, dans le même temps, le bureau de l’Apahl a été structuré, avec des personnes formées. Deux autres antennes ont ainsi pu être implantées dans les autres îles Loyauté.
« Avec mes collaborateurs, nous voulons faire un nouvel état des lieux du handicap dans les Îles pour répondre au mieux aux attentes et prendre en compte les personnes âgées qui sont en perte d’autonomie, parce qu’elles sont atteintes par la maladie d’Alzheimer, dialysées, diabétiques ou encore victimes d’accident, ajoute-t-elle. On accompagne aussi les enfants en situation de handicap dans les écoles, dès la maternelle. Et lorsque le handicap est trop lourd pour les proches, on leur offre un moment de répit dans les centres de Nouméa. Les parents les accompagnent… »