A 29 ans, Léo Toïgo, interprète français/langue des signes française (LSF), intervient en de multiples occasions et espaces : à la télévision, en conférence, au musée ou encore à l’école … Il assure ainsi, dans des contextes variés, l’accessibilité en LSF pour des personnes sourdes ou malentendantes qui la pratiquent. Interview.
Léo Toïgo, pouvez-vous nous décrire votre profession ?
L.T. : Je suis interprète français/langue des signes française (LSF). C’est-à-dire que j’interviens pour traduire d’une langue à l’autre lors de rendez-vous, de conférences ou autres situations où un discours est émis dans l’une des deux langues, généralement en français. Par exemple, dans le cas d’une personne qui s’exprime en français, je suis là pour traduire du français vers la langue des signes, puisqu’en face il y a un public de personnes sourdes qui communiquent en langue des signes française.
Quelle est la différence entre la langue des signes française et le langage parlé complété (LPC) ?
L.T. : Le langage parlé complété, c’est un code. Il faut bien comprendre que le langage est différent de la langue. C’est un outil qui permet simplement de communiquer, tout comme le corps, le langage corporel, les gestes. C’est un code que l’on a créé. Les adeptes du LPC vont parler en même temps qu’ils vont faire des gestes de la main près du visage, que l’on appelle des clés, c’est-à-dire des configurations différentes des doigts qui permettent d’appuyer des sons par des gestes visuels et qui font sens pour les personnes qui connaissent ce code.
A contrario, la langue des signes française est une langue à part entière, avec une syntaxe, une grammaire, une conjugaison, une façon de communiquer le temps, et qui évolue avec le temps, comme la langue française.
Vous apparaissez aussi à la télévision. Quelles sont vos autres activités ?
L.T. : Je traduis effectivement un journal d’information sur NC Première, « L’hebdo signé », qui est un résumé de l’information de la semaine à destination des personnes qui communiquent en langue des signes française. A côté de cela, je suis salarié pour l’Association pour la surdité (APS), pour laquelle je suis missionné en tant qu’interprète pour intervenir dans les établissements scolaires. A ce titre, j’interprète les cours des professeurs et j’interprète également les questions et les réponses des élèves, ou bien encore leurs interventions lorsqu’il y a des épreuves orales et des examens.
En plus de cela, j’interviens en tant qu’indépendant via ma société Accès Signe, dans des établissements culturels comme la Maison Higginson ou la Maison Célières, avec la ville de Nouméa entre autres, pour interpréter des animations, des spectacles, des causeries et rendre, encore une fois, accessibles les évènements tout public à des personnes sourdes. C’est également par ce biais que j’interviens, en tant qu’interprète, auprès de personnes en situation de handicap qui m’ont été orientées par un service d’insertion et de placement (DEFE, MIJ). Je les accompagne ainsi dans leurs démarches d’accès à l’emploi, par exemple pour de l’interprétation français-LSF lors d’un rendez-vous avec les conseillers, un entretien d’embauche, une journée d’intégration ou de formation dans l’entreprise, etc.
Quelle formation avez-vous suivie pour devenir interprète ?
Ma formation est de niveau BAC+5. J’ai fait une Licence STAPS, sur trois ans, et un Master à Lille Interprétation française – langue des signes française. Avant de rentrer en formation Master, il m’a fallu connaître au minimum les deux langues, j’ai donc suivi une formation intensive pendant quatre mois dans une association au sein de laquelle des professeurs formateurs sourds m’ont appris la langue des signes.
Cette formation existe-elle sur le territoire calédonien ?
La formation pour devenir interprète français/langue des signes française n’existe pas sur le territoire. Il faut aller se former en métropole, à Lille, à Paris, à Toulouse ou à Rouen. Par contre, la formation initiale en langue des signes française [qui ne remplace pas le parcours obligatoire en master pour exercer comme interprète, mais peut permettre d’approfondir ses connaissances pour tenter d’intégrer ce type de formation, NDLR] existe et est dispensée par l’association Culture communication et dynamisation (CCD).
Renseignements :
APS – Association pour la surdité
Téléphone : 23 65 16 ou 79 09 29Adresse : Bâtiment Transam 1er étage, 3 rue du Commandant Babo, Nouville / 98800 Nouméa
courriel : [email protected]
CCD – Culture, communication et dynamisation
Téléphone : 77 21 61
Adresse : 67 Avenue Koenig, Ecole Mauricette Devambez N°15 / BP 26145 – 98866 Nouméa Cedex.
courriel : [email protected]