Victime d’un traumatisme crânien en 2011, Bruno Monier n’a eu de cesse, depuis lors, de relever des défis toujours plus osés. Sur son agenda bien rempli figure le prochain tour cycliste de Nouvelle-Calédonie. Aux côtés de Nicolas Brignone et Pierre Fairbank, il compte bien tirer son épingle du jeu. Mais déjà, il réfléchit au prochain défi en perspective, au lendemain du tour.
Membre fondateur et actif de l’association Charnière, créée il y a 5 ans pour venir en aide aux parents et aux aidants des traumatisés crâniens et des cérébro-lésés de Nouvelle-Calédonie, Bruno Monier, 56 ans, consacre une bonne partie de son temps à aider les autres. Une façon, pour lui, de rendre ce qu’on lui a donné. Cela se fait notamment par le biais de cafés de paroles avec des patients et leurs familles.
« Depuis mon accident, je suis comme une pile qui est chargée le matin et qui se décharge au fil de la journée. Au début, je parlais comme si j’avais du chewing-gum dans la bouche et on ne me comprenait pas. Maintenant, ça m’arrive quand je suis fatigué », explique-t-il.
Depuis cette chute qui a bien failli lui coûter la vie, un épisode dont il ne se souvient pas, son quotidien a totalement changé. Il doit son salut à Toussaint, celui qui l’a découvert au petit matin, gisant dans les cailloux près de la Bodéga. S’en est suivie une longue période de rééducation, à Bordeaux, puis une reprise en main, avec des pans de mémoires qui vacillent tout autant que ses jambes.
« Une fois que tu acceptes d’être quelqu’un d’autre, tu entres dans une nouvelle vie, ça nécessite de faire un deuil. Heureusement, j’avais mes amis et ma compagne pour me soutenir. C’était difficile pour eux autant que pour moi », se désole-t-il.
Un sportif accompli
Malgré son handicap, Bruno ne baisse les bras. Il retourne à Bordeaux, au CREPS (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive), pour passer un certificat de spécialisation « accompagnement et intégration des personnes en situation de handicap ».
« Quand je suis revenu, j’ai contacté la ligue de handisport et ils m’ont pris en tant qu’éducateur sportif. Je fais aussi des vacations pour la province Sud, deux fois par semaine. Je prends en charge une vingtaine de personnes avec des handicaps différents. Mon patron, c’est Pierre Fairbank », explique-t-il. Bruno est lui-même un sportif accompli. « Dernièrement, j’ai fait le Trail des Cagous, la Gigawatt, le semi-marathon, mais seulement les 10 kilomètres. Le fait d’avoir survécu, ça donne envie de se dépasser. Je me suis remis à la natation en faisant trois fois de suite la traversée entre l’Anse-Vata et l’île aux Canards. Et depuis 5 ans, je me suis mis au Trike. C’est un tricycle adapté pour les personnes en situation de handicap », confie-t-il.
De nouveaux défis
En plus de ses exercices mentaux sur le site Internet « Happyneuron », Bruno s’entraîne pour relever de nouveaux défis sportifs. Le 10 octobre prochain, il participera au tour cycliste de Nouvelle-Calédonie, en compagnie de Nicolas Brignone et Pierre Fairbank. Pour se mettre en jambes, tous trois se sont lancés à l’assaut du Ouen-Toro pour disputer le Challenge du même nom. Pour les deux montées au programme, c’est Bruno qui a réalisé le meilleur temps.
« J’ai un petit moteur sur mon Trike mais je ne l’ai utilisé qu’au départ, pour me donner une impulsion, et Pierre est arrivé juste après moi », précise-t-il.
Pour le grand public, il est aussi l’homme de la Rosalie, une voiturette à pédales qui permet aux personnes en situation de handicap de se balader sur les pistes cyclables de la ville.
« On est présent sur les dimanches en mode doux avec l’association Charnière. On a aussi un club sportif, on s’appelle les Têtus ! », lance-t-il.
Un nom synonyme de détermination et de courage qui lui va comme un gant.
- Bruno a conservé sa planche de surf d’avant l’accident.
- Sa rééducation se poursuit à son domicile.
- Le trike (ou tricycle) sur lequel Bruno fera le tour de Calédonie.
- La Rosalie permet un accès sécurisé aux pistes cyclables.