Grégory, jeune Calédonien en situation de handicap, est actuellement en confinement au sein du foyer Reznik, à Nouméa. Pour éviter la contagion de ces résidents particulièrement exposés, aucune visite, pas même celle de ses parents, n’y est autorisée. Comment Grégory et sa famille vivent-ils cette séparation forcée ? Patrick et Anne-Marie, ses parents, témoignent.
Alors que la majorité des enfants du territoire bénéficient de la présence protectrice et rassurante d’au moins un de leurs parents durant la période de confinement obligatoire pour lutter contre le coronavirus, des enfants et des jeunes adultes en situation de handicap vivent actuellement une double peine. Afin d’être préservés de toute contagion, ils ont dû se résoudre à être temporairement séparés de leurs proches. Hébergé dans une chambre du foyer Reznik depuis quelques mois, Grégory connaît bien les lieux. A présent, il devra aussi y passer ses journées. « Avec sa mère, nous avons fait le choix de le laisser sur place car c’était la meilleure solution. Nous avons préféré lui assurer une prise en charge thérapeutique par des soignants qualifiés dans un environnement où il se sent à l’aise plutôt que de l’exposer. Nous avons été informés assez rapidement du fait que les visites ne seraient plus autorisées. Même si c’est difficile, le savoir entouré est rassurant. De son côté, ça se passe bien, il a ses repères », précise Patrick, qui appelle son fils chaque jour pour avoir de ses nouvelles.
« Un isolement total »
Agé de 40 ans, Grégory est limité dans sa vie sociale par un handicap intellectuel et physique dû à une maladie polykystique. Ses parents sont séparés mais chacun d’eux a refait sa vie et les beaux-parents partagent toutes les contraintes de la vie de famille avec un enfant en situation de handicap. Anne-Marie et Patrick voient leur fils tous les jours et il reste dormir dans le foyer de l’un des deux parents, à sa convenance. Cet « isolement total sans visite en auto-confinement » est une nouvelle source d’inquiétude pour sa maman qui n’y était pas préparée. Grégory passe habituellement 4 journées de la semaine à l’Esad (Etablissement spécialisé d’activités dirigées) de l’APEI et une journée au SAJ, le service d’accueil de jour de l’APEH-NC.
Durant le confinement, ces établissements ont dû fermer leurs portes. « D’abord, les centres d’accueil de jours sont restés ouverts, à un moment donné, puis ils ont fermé à partir de mardi dernier, avec un retour a domicile des résidents. C’était un casse-tête pour ces centres de s’assurer, au cas par cas, que les familles pouvaient les gérer et même de mettre leurs personnels à disposition, pour certains. Quant aux centres d’hébergement, ils fonctionnent à plein régime, comme les Ehpad. Nous avons fait le choix d’un confinement total pour notre fils. La séparation n’est pas facile mais nous l’avons tout au long de la journée au téléphone et une fois par jour sur Messenger. De son côté, le foyer met tout en œuvre pour qu’il soit joyeux et heureux de vivre pendant cette période où il bénéficie de toutes les activités du foyer tout au long de la journée », témoigne Anne-Marie.
« Relativement chanceux »
Toutefois, les parents de Grégory s’estiment relativement chanceux. « Une amie de ma femme est très embêtée car la structure qui accueillait son enfant autiste a fermé à cause du coronavirus et il sont confinés en appartement. C’est compliqué pour sortir ! Elle cherche un rez-de-jardin pour accueillir son enfant dans les meilleures conditions, confie Patrick. En plus, notre fils a une nature joyeuse et il s’adapte facilement. C’est un gros bébé, il est dans son petit monde mais on lui a expliqué la situation et il a bien compris. Il a beaucoup d’amour autour de lui. Alors on prend notre mal en patience. Ce confinement au foyer, c’est avant tout pour son bien-être. »