Face aux mesures sanitaires liées à la pandémie du coronavirus, les grands événements sportifs sont soit annulés, soit reportés. Aucune déclaration officielle ne concernant les prochains Jeux de Tokyo, les athlètes du handisport calédonien poursuivent leurs entraînements en vue des sélections. Le point avec Olivier Deniaud, entraîneur et coordinateur du Pôle France handisport.
Pierre Fairbank est, actuellement, le seul Calédonien qualifié pour les Jeux Paralympiques, qu’en est-il des autres athlètes ?
Pierre Fairbank s’est qualifié pour les prochains Jeux paralympiques car il s’est placé dans les 4 premiers aux championnats du Monde de Dubaï. A partir du 1er avril, on devait connaître la 2e partie de la sélection calédonienne mais cette annonce risque d’être reportée à cause des compétitions internationales annulées. Pour l’instant, on n’en sait pas plus. Dans cette 2e partie, parmi ceux qui pouvaient prétendre à la qualification en figurant dans le top 6 mondial au 1er avril, on a, par exemple, Nicolas Brignone, 5e sur 100 mètres et 7e et 8e sur 400 et 800 m (au ranking mondial de 2019-2020, ndlr). Il nous reste des compétitions locales prévues avant fin mars, à Koné et Nouméa, qui comptent pour les sélections. On a actuellement la présence sur le territoire de Franck Foucat, référent national et entraîneur pour le lancer, qui est là pour 15 jours de stage, avec un déplacement à Lifou.
La date du 1er avril pour avoir de nouveaux sélectionnés pour les Paralympiques semble donc compromise ?
On est dans l’attente d’une confirmation mais la situation actuelle par rapport au coronavirus m’inquiète : est-ce que la fédération internationale va confirmer la sélection au premier avril ou est-ce que cette date va être décalée ? Pour l’instant, on n’en sait rien. Les JO et les Jeux paralympiques pourraient aussi être décalés, tout est possible.
Vous faites donc comme si il n’y avait pas de changement ?
On est obligés. On s’entraîne comme d’habitude, ça ne change rien. Il faut être prêt quoi qu’il arrive. Plusieurs cas de figure se présentent : celui de Pierre Fairbank, que j’entraîne sur du long terme depuis le mois d’août 2019, ceux de Nicolas Brignone et de Marcellin Walico, qui doivent être prêts pour le 1er avril, et les autres qui vont aller chercher une qualification comme Sylvain Bova, Thierry Cibone ou Rose Vendégou. Ils sont un peu plus loin dans les bilans et ils doivent aller chercher une place dans le top 8 mondial au moment des sélections prévues en juin en métropole, sous réserve qu’elles soient maintenues.
Quelles sont les compétitions annulées, pour l’instant ?
La première à avoir été annulée, en février dernier, était le Jeux mondiaux pour les personnes en fauteuil, qui devaient se tenir en Thaïlande. Dans cette catégorie, les Chinois sont les meilleurs mondiaux mais ils ne pouvaient pas participer à cause du coronavirus. Les Chinois auraient dû s’en servir comme compétition de sélection pour Tokyo et ils constituaient la moitié des participants prévus. Ces mondiaux ont donc été reportés en juin ou juillet. On y allait pour aller chercher des qualifications pour le top 6 mondial mais avec ce report de date, ça ne nous intéresse plus. Autre compétition annulée : le meeting de Dubaï. Je devrais y être en ce moment. Plusieurs sportifs ont été détectés positifs au coronavirus et ils avaient peur de le faire entrer sur leur territoire.
Vous vous étiez donc préparés pour cette compétition, quand avez-vous appris son annulation ?
On s’était préparés et on l’a appris 15 jours avant. J’avais pris les billets donc ça fait des frais. A présent, on vient d’apprendre que certaines compétitions étaient décalées, comme le meeting de France, le marathon de Paris et, en ce qui me concerne, l’assemblée générale et la réunion des entraîneurs ont aussi été annulées ou reportées en octobre, après les Jeux. Pierre Fairbank devait partir prochainement pour le marathon de Paris et c’est une compétition de moins à son programme. Nicolas devait avoir une compétition qualificative sur une piste rapide en Italie qui est également annulée. Les athlètes calédoniens sont donc très déçus…
Vous avez des retours des sportifs en métropole ?
Ils sont comme nous, ils cherchent des stades pour s’entraîner parce que l’Insep est fermé. Il n’y a plus de compétition nulle part. Nous sommes tous obligés de continuer à nous entraîner, quoi qu’il en soit. Pour l’instant, les Jeux ne sont pas annulés.
Une date a-t-elle été prévue pour confirmer si oui ou non ils seront maintenus ?
Il devrait y avoir une communication à ce sujet en mai prochain. Le problème, ce n’est pas tant la date des Jeux que celle des qualifications pour ces Jeux qui ne peuvent pas se faire. Les athlètes ne peuvent pas sortir de chez eux pour participer à des compétitions qualifiantes qui n’ont, pour la plupart, pas lieu. S’il y a un problème dans la préparation deux mois avant les Jeux, c’est trop tard pour y participer. C’est là toute la difficulté. On pourrait faire certaines épreuves mais le principe d’égalité des sportifs n’aura pas été respecté.
Le Cise de Koutio a été réquisitionné pour accueillir la quarantaine liée au coronavirus, comment les sportifs s’organisent-ils durant cette période ?
Actuellement, les sportifs qui viennent de l’extérieur, comme pour le stage qui est organisé actuellement avec Franck Foucat, vont à l’hôtel. On essaie de s’organiser différemment mais c’est vrai qu’on sent bien l’importance du Cise quand on doit s’en passer.
A défaut de déplacement, vous avez beaucoup de communications à distance avec la fédération française de handisport notamment ?
Quand tout va bien, je me rends une ou deux fois par an en métropole. J’ai au moins une fois par semaine au téléphone le directeur sportif et d’autres athlètes et entraîneurs du handisport en métropole, c’est un minimum. Pour l’instant, j’ai déjà annulé deux déplacements en avril et en mai prochains. Il reste à se concentrer sur les entraînements et les compétitions locales qui, elles, sont maintenues.
Propos recueillis par Marianne Page
Photos : Nicolas Brignone