Samedi 7 septembre dernier, l’Association calédonienne des handicapés (ACH) célébrait ses 40 ans au service des personnes en situation de handicap sur le thème « espoir et solidarité ». Michel Julia, le président de l’ACH, et Jean-Philippe Vollmer, son directeur, mesurent le chemin parcouru et présentent les missions et les projets d’une association toujours très active.
Quelles sont les dates clés qui ont jalonné l’histoire de l’ACH ?
Michel Julia : C’est l’arrivée du Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Paul Dijoud qui a été à l’origine de la création de l’ACH, avec l’appui du député Rock Pidjot. Au départ, on était un groupe de personne de bonne volonté qui voulait partager ses expériences. L’espoir et la solidarité nous ont permis de faire, ensemble, de grandes choses. Grâce aux locaux de Montravel, nous avons créé une classe de sourds avant d’accueillir des polyhandicapés. En 1974 est né le Cajeda (Centre d’accueil de jour pour les enfants dépourvus d’autonomie), puis le Handicar et le Foyer Paul-Reznik, en 1994. Lorsque la loi sur le handicap nous a donné des droits, nous n’avons plus eu besoin de quémander. Le handicap est passé de provincial à territorial. Notre métier aussi a changé : avant, nous étions dans l’écoute, aujourd’hui, nous sommes dans l’action…
Qui étaient les premiers dirigeants de l’ACH ?
M.J. : Pierre Hénin a été le président-fondateur. Juste après, il y a eu Billy Joe Soediman. Au départ, il n’y avait pas de directeur, le président de l’ACH était à la fois directeur, trésorier, secrétaire… Cela fait seulement 5 à 6 ans que l’on a pu bénéficier d’un directeur. Notre directeur actuel, Jean-Philippe Vollmer, est en poste depuis 6 mois.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous investir dans cette association ?
J-P. V. : Je connaissais le monde du handicap au travers de mes précédentes fonctions puisque j’étais directeur du GIP Union pour le Handicap, une structure qui gère l’insertion des handicapés en milieu scolaire. Le sens humain qui est mis en exergue dans des institutions comme l’ACH est une vraie motivation qui donne un sens à ma vie professionnelle. Ce n’est pas toujours facile car on veut toujours en faire plus, il faut se fixer des limites.
M.J. : Ma motivation n’était pas la même car je suis une personne en situation de handicap. Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’avais honte de moi, j’étais bloqué dans tous les sens du terme… Puis j’ai eu la chance de pouvoir travailler. Il y a 40 ans, ce n’était pas évident. Je me suis senti privilégié et je me devais de faire quelque chose pour mes frères handicapés, c’est comme ça que je suis entré dans l’association.
Comment le regard sur le handicap a-t-il évolué en 40 ans ?
M.J. : Quand j’avais 20 ans, en 1969, c’était très difficile de vivre son handicap. On se cachait et on nous cachait. Il n’y avait pas de handicapés dans la rue. Aujourd’hui, nous sommes intégrés dans la société. Mais pour certains, cela reste encore une « tare ». Tous les handicapés ne prennent pas la carte qui leur ouvre des droits.
J-P. V. : C’est aussi l’action des bénévoles qui a fait changer le regard sur le handicap. Il y a beaucoup d’engagement humain de la part de nos salariés. Dans nos lieux de résidence, les éducateurs, les ergothérapeutes, les kinés ou les assistantes sociales offrent des réponses à des problèmes que la famille ne peut résoudre seule. Au Foyer Paul Reznik comme à l’ACH, de nombreuses activités sont organisées à l’extérieur comme l’équithérapie, les visites de musées, de parcs, les sorties shopping pour les résidents, les rencontres intergénérationnelles, les activités sportives, les ateliers chant, bien-être… Le pari est réussi lorsque les personnes handicapées mettent leur handicap au second plan.
Comment l’ACH envisage-t-elle l’avenir ?
M.J. : D’ici deux ans, nos établissements seront regroupés sur un même site, celui du Foyer Reznik, à Nouville, de façon à mutualiser nos moyens.
J-P. V. : Ce projet a été initié, il y a une dizaine d’années, par le président de l’ACH. Le projet d’ingénierie et d’architecture a été déposé, nous en sommes à instruire les demandes de financement, en partenariat avec l’AFD (Agence française de développement) pour espérer débuter la construction début 2020, avec une livraison en 2021.
M.J. : On aimerait poser la première pierre pour nos 40 ans ! Pour la petite histoire, le terrain nous a été donné un jour de Noël par Marie-Noëlle Thémereau, c’était son cadeau pour les enfants…
Propos recueillis par Marianne Page
- Pierre Hénin et Michel Julia, les présidents d’hier et d’aujourd’hui.
- Le président-fondateur de l’ACH a partagé ses souvenirs avec le public.
- L’ACH a fêté ses 40 ans sur la place des Cocotiers.
- L’ACH a fêté ses 40 ans sur la place des Cocotiers.