Voilà 23 ans que Thomas Rigolleau fréquente le Nouméa Judo Club (NJC). À 29 ans, il est le premier judoka atteint de trisomie 21 à recevoir la ceinture noire en Nouvelle-Calédonie. Après la cérémonie de remise devant un jury, le club voulait finaliser et honorer son parcours. Les membres ont célébré l’événement au sein du NJC vendredi dernier, en compagnie des autres élèves du club et de Jean Saussay, en charge du handicap au cabinet de Mme Isabelle Champmoreau.
Pour son entraîneur Pierre Audigier, le parcours de Thomas est inspirant. « C’est parce qu’il avait envie qu’il a réussi. Thomas a travaillé pour en arriver là, avec ses particularités dont il a fait une force ». L’obtention de la ceinture noire est hautement symbolique dans le monde du judo.
Passionné et concentré, Thomas se dévoue à la pratique du judo trois soirs par semaine. Si le club assure avec joie qu’il n’y a jamais de stress avec Thomas, le judoka a cependant fourni un gros travail qui a aussi nécessité un accompagnement. Avec son entraîneur comme avec son partenaire Yohan Averous, qui a également joué un rôle clé dans son parcours vers la ceinture noire, il fallait apprendre à se connaître. Pour son entraîneur, cette réussite signifie avoir investi de l’énergie, développé une habileté, une pédagogie, un discours à tenir, et du temps pour s’apprivoiser. « Sur mes tatamis, j’ai toujours accueilli des personnes en situation de handicap, mais je n’ai jamais eu l’occasion de former comme ça, d’aller jusqu’au bout, jusqu’à la ceinture noire. C’est assez fantastique que la vie ait mis Thomas sur mon chemin », commente Pierre Audigier.
Le soutien d’un club
Le club peut être fier d’avoir facilité l’inclusion de son élève. Pour la mère de Thomas, « la pratique du judo a apporté beaucoup de codes, de la discipline et des rythmes qui sont très bénéfiques aux jeunes comme lui. Quand Thomas salue, il salue de tout son cœur. Il le fait avec attention », dit-elle avant d’ajouter : « au judo, Thomas se sent un judoka comme les autres, ici il n’y a pas de différence et ça a toujours été comme ça ». La relève est maintenant assurée par Dawson, un jeune de 10 ans également atteint de trisomie 21 qui arrive au club dans le même état d’esprit.
Le trésorier Fred Cuocolo qui connaît Thomas depuis 12 ans constate : « Il y a une forme de continuité dans le club puisque l’inclusion dans le groupe se fait aussi facilement pour Dawson ». En presque 40 ans d’existence, c’était la première fois que le NJC, l’un des premiers clubs du territoire, encadrait un élève atteint de trisomie 21 ; un défi réussi avec succès.
Plusieurs familles et un emploi pour Thomas
Thomas a trois familles. Sa famille, celle que représente le NJC, et les membres de l’association de musique et de danse brésilienne la Banda Momo : c’est à elle que Thomas dédie sa ceinture noire. Il participera comme tous les ans au Carnaval de Nouméa avec la Banda Momo, le 14 septembre prochain. Thomas est aussi aide-cantinier à mi-temps à l’école des Capucines, en parallèle de ses deux activités.
S’il le souhaite, la suite du parcours de judoka pourrait le mener à l’obtention du second dan, car l’apprentissage et le perfectionnement ne s’arrêtent jamais pour les pratiquants. En attendant la suite, son entraîneur qui aimerait l’amener toujours plus loin conclut : « maintenant l’objectif, c’est digérer cette ceinture noire et continuer à suer sur le tatami ».
- Pierre Audigier, Thomas Rigolleau, Yohan Averous, Jean Saussay
- Fred Cuocolo, Yohan Averous, Thomas Rigolleau, Mickaël Cano (président du club), Pierre Audigier
- Thomas Rigolleau et Yohan Averous