Le Collectif Handicaps propose des ateliers d’accompagnement à l’emploi pour favoriser l’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap, reconnues en capacité de travailler. Le point avec Rebecca Miñana, conseillère en insertion professionnelle, qui anime le dispositif.
Pouvez-vous nous présenter les ateliers d’accompagnement à l’emploi que vous animez dans les locaux du Collectif Handicaps ?
Rebecca Minana : Aujourd’hui se déroule le dernier atelier « emploi » d’un cycle de six ateliers, au cours desquels j’accompagne un groupe de huit travailleurs en situation de handicap. Nous avons vu ensemble les notions de projet professionnel, rédaction de CV, accompagnement sur les entretiens, lettre de motivation et les sites internet d’emploi.
Quel est l’objectif de ces ateliers ?
R. M. : On travaille surtout l’autonomie. Sur les premiers ateliers, les personnes qui ont participé n’avaient pas de projets définis et avaient besoin de confirmer un projet professionnel. Sur cette session-là, je suis venue avec de nouveaux outils après m’être formée en métropole sur des méthodes québécoise, plus ludiques.
A l’heure actuelle, comment décririez-vous ce qu’a pu apporter cet accompagnement à ces personnes concernant leur parcours professionnel ?
R. M. : Nous sommes en début de parcours pour ces personnes qu’il a fallu sensibiliser, remobiliser à faire des démarches. Certains n’avaient plus d’espoirs, d’autres étaient en attente. Au-delà de cela, c’est aussi un travail de collaboration, en équipe. On peut dire déjà que le fait d’avoir un projet est un aspect positif, s’exprimer devant un groupe est un autre résultat positif.
Les personnes que vous accompagnez présentent-elles des profils particuliers, rencontrent-elles des problématiques particulières dans leurs démarches ?
R. M. : Le profil des personnes que j’accompagne correspond à une diversité de situations de handicap, ce qui confère une certaine hétérogénéité au groupe. Il faut donc travailler de manière un peu plus personnalisée, sur les capabilités de chacun. Je pense que c’est la seule particularité, parce qu’au-delà de leur handicap ils rencontrent les mêmes difficultés que d’autres publics de demandeurs d’emploi, qui sont certes accrues de par leur handicap. Ils ont des freins sociaux qui les éloignent de l’emploi. Je les fais travailler en entretien individuel, je les accompagne dans la construction d’un projet professionnel qui soit compatible avec leur situation de handicap, qui corresponde à leurs souhaits et à leurs capacités.
La parole aux participants
Le point de vue des membres du groupe sur les difficultés qu’ils rencontrent, mais aussi sur ce que leur ont apporté les ateliers « emploi » :
Josépho, 21 ans, originaire de Wallis, se voit bien jardinier : « C’est un peu comme si on était en famille, le fait d’être dans un groupe m’a aidé à prendre confiance… »
Priscilla, 34 ans, originaire de Poindimié, souhaiterait être agent d’accueil : « J’ai déjà travaillé trois ans mais actuellement, ce n’est pas facile de trouver du travail. Dès que l’on annonce qu’on est porteur de handicap, on nous ferme des portes. »
Sébastien, 41 ans, originaire de Nouméa : « J’aimerais rentrer dans la politique pour changer les lois du pays. Ce n’est pas évident en tant que personne handicapée de trouver du travail, et surtout ce n’est pas évident de se faire entendre quand on n’a pas de diplôme… »
Ludovic, 29 ans, originaire de Nouméa, souhaite travailler dans l’aquaculture : « J’ai appris à prendre confiance, je me sens plus d’attaque pour trouver un stage et ça fait du bien… »
Eugène, 19 ans, originaire d’Ouvéa, souhaite être boucher-charcutier : « Il faut sortir de notre zone de confort, aller de l’avant et avoir confiance en soi… »
Maxime, 38 ans, originaire d’Ouégoa, veut être blanchisseur : « On apprend à frapper aux portes et ça, ça va m’aider pour la suite… »
Alain, 38 ans, originaire de Nouméa, sera auxiliaire de proximité dans deux semaines : « Je suis assez à l’aise en communication, alors je suis venu aider la petite bande à prendre confiance en elle… ».